[Débat V.4.0] Devinez quoi ? C'est le Débat du Soir !

Et c'est parti, ensemble, pour une quatrième édition de nos débats du Soir ! Ce soir, nous étudierons un extrait de Le Monde Comme Volonté et Comme Représentation, d'Arthur Schopenhauer (1788 - 1860).

Citation :

Si l'on nous mettait sous les yeux à chacun les douleurs, les souffrances horribles auxquelles nous expose la vie, l'épouvante nous saisirait ; prenez le plus endurci des optimistes, promenez-le à travers les hôpitaux, les lazarets, les cabinets où les chirurgiens font des martyrs ; à travers les prisons, les chambres de torture, les hangars à esclaves ; sur les champs de bataille, et sur les lieux d'exécution ; ouvrez-lui toutes les noires retraites où se cache la misère, fuyant les regards des curieux indifférents ; pour finir, faites-lui jeter un coup d'œil dans la prison d'Ugolin, dans la Tour de la Faim, il verra bien alors ce que c'est que son meilleur des mondes possibles. Et d'ailleurs, d'où est-ce que Dante a tiré les éléments de son Enfer, sinon de ce monde réel lui-même ? … /…
- Au reste, je ne puis ici dissimuler mon avis ; c'est que l'optimisme, quand il n'est pas un pur verbiage dénué de sens, comme il arrive chez ces têtes plates, où pour tous hôtes logent des mots, est pire qu'une façon de penser absurde ; c'est une opinion réellement infâme, une odieuse moquerie, en face des inexprimables douleurs de l'humanité.

Que vous inspirent ces propos ? Partagez vous l'avis de l'auteur ? Donnez le vôtre

Héhé très interressante cette citation.

Elle me fait penser, ni plus ni moins, au conte philosophique de Voltaire Candide ou de l'optimisme où il critique la philosophie de Lebznig quand il ne cesse de répéter que "tout va bien dans le meilleur des mondes possibles".
Ici, cette dénonciation de l'optimisme est plus explicite puisqu'elle n'est pas cachée par l'initiation à la vie d'un personnage naïf. L'auteur montre bien son point de vue sur la question notamment avec la grande énumération (on pourrait même parler de gradation vu qu'on passe des hopitaux à la Tour de la Faim).
Pourtant je pense qu'au "plus endurcit des optimistes" on ne pourrait pas faire entendre raison parce qu'à chaque argument que tu lui donnera, à chaque horreur que tu lui montreras, il trouvera un autre exemple pour te contrer.
On ne peut pas leur faire entendre raison.

Honnêtement je trouve ce texte trop radical. Il y a énormément de souffrances dans ce monde, et ça me déprime de tant à autres, mais il faut aussi vivre, et avancer sinon on reste malheureux.
D'après moi il vaut mieux rester conscient de ces horreurs mais aussi profiter de notre vie et voir ce qui est beau, le bon côté des choses.
Peut être nous devons nous d'être heureux pour ceux qui ne le sont pas, pour respecter leur souffrance. J'en reviens à l'idée de savoir se réjouir du bonheur des autres. C'est une valeur et une notion très importante, que beaucoup de gens ignorent.

Ben on sens clairement que l'auteur n'aime pas les optmistes!!!
Que dire, bof moi je suis pas des masses d'accord avec lui, c'est clair que toutes les horreurs du monde rendrait malheureux n'importe qui, mais qui nous dit qu'un optimiste, même devant toute les miseres du monde, ne le resterais pas???
On peut pas determiner ce genre de chose, et la je trouve que Shopenhauer avance beaucoup trop de choses sans réellement savoir....

Oui, il faut être heureux malgré tout mais je pense que l'auteur demande pas a quiquonque d'être malheureux à cause de ses horreurs mais plutot de prendre conscience de ça et de ne pas dire que tout va bien à tout va.

C'est ce que j'avais compris, mais je trouve qu'il s'avance un peu trop en affirmant que même le plus grand des optimistes ne pourrait l'être face a la misere....Comment peut il en être sûr???

Oui c'est vrai en même temps. Mais disons qu'ils ne le montrent pas forcément où alors ils trouvent une justification à cet acte.

Je ne pense pas qu'il dise qu'un optimiste changerait d'avis. Il verrait juste ce que c'est que son "meilleur des mondes possible", il n'est pas dis qu'il changerait sa position. D'ailleurs le dernier paragraphe le montre, l'optimisme, même face à tout cela, serait une injure faite au Monde.

J'avais hésité avec un autre extrait à vous proposer, et je vous mets donc cet autre extrait ici :

Citation :

" On s'est récrié contre la mélancolie et le caractère désolant de ma philosophie; ce qui ne repose pourtant que sur cela seul qu'au lieu de raconter la fable d'un enfer à venir comme compensation de nos péchés, j'ai montré que le séjour du péché, le monde, doit déjà être quelque chose d'infernal : qui voudrait contester ce point pourrait facilement en faire une fois l'expérience.

Et c'est à ce monde, à ce rendez-vous d'êtres harcelés et angoissés qui n'y subsistent qu'en se dévorant les uns les autres, où chaque bête féroce est le tombeau vivant de mille autres et ne doit sa propre conservation qu'à une chaîne de martyres, où ensuite la capacité d'éprouver de la souffrance augmente avec la connaissance, jusqu'à atteindre en l'homme son plus haut degré, lequel est d'autant plus élevé que l'homme est plus intelligent - c'est à ce monde, dis-je, qu'on a voulu ajuster le système de l'optimisme et c'est ce monde qu'on nous a présenté comme le meilleur des mondes possibles ! L'absurdité est criante. Cependant un optimiste me demande d'ouvrir les yeux et de plonger mon regard dans le monde, de voir comme il est beau à la lumière du soleil avec ses montagnes, ses vallées, ses fleuves, ses plantes, ses animaux, etc. Mais le monde est-il donc un panorama ? Ces choses, bien sûr, sont belles à voir, mais être l'une d'elles, c'est une tout autre affaire. "

L'optimiste, face à cela, proposerait de regarder d'autres choses, comme le ciel, les fleurs, etc.
Ca me fait indéniablement penser à la chanson "What a Wonderful World". Je pense qu'Armstrong était sincère en chantant cela. Mais moi maintenant je l'écoute avec une pointe d'ironie, et il n'y a qu'à voir la scène de Good Morning Vietnam, avec des images de guerre par dessus. Oui, c'est joli une fleur, le ciel, les montagnes ... Mais le monde n'est pas un panorama, et encore, désormais les plages sont pleines de pétrole, les plaines pleines de déchets, etc.